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    « Avance ! » dit Erika à voix haute à Shannon, sa jumelle qui s’avançait sur la route, empruntée par de nombreux poids-lourds, tout en ayant les yeux bandés. Puis la gamine ordonna à Shannon de s’arrêter car une voiture se présentait non loin d’elle, mais sans prononcer un mot !
 
Depuis leur plus tendre enfance, les deux fillettes mettaient à l’épreuve leur capacité à se comprendre sans même prononcer un mot, allant, trop souvent au goût de leur mère, jusqu’à mettre leur vie en péril. Tous les jours, les deux enfants réservaient leur lot de surprises à leurs pauvres parents qui ne savaient plus quoi faire pour qu’elles cessent leurs « expériences ». L’une comme l’autre s’était déjà retrouvé plusieurs fois à l’hôpital avec des blessures plus ou moins graves dues à leur insouciance. C’est ainsi que Shannon se retrouva un jour avec une jambe cassée quand sa sœur lui demanda de traverser un sentier en sautant au dessus du petit ruisseau qui séparait les deux rives de ce dernier et que la gamine avait malencontreusement raté le rebord du chemin, et qu’Erika s’ouvrit le front en tentent de sauter du toit de la maison juste en essayant de suivre les indications muettes de sa sœur afin de la guider jusqu’au trampoline qui aurait amorti sa chute !
 
Les deux enfants grandirent ainsi, se mettant toujours de plus en plus en danger, mais c’est à l’adolescence qu’elles commencèrent à espacer leur tentative de télékinésie et qu’elles se concentrèrent plutôt sur leurs études et par conséquent à leur avenir.
 
Erika voulait devenir psychologue alors que Shannon s’intéressait à tout ce qui touchait aux légendes et autres mythes. Elle s’orienta alors vers l’anthropologie. Toutes deux rencontrèrent leur mari respectif à l’université de Yale, dans le Connecticut que Shannon fréquentait alors qu’Erika se retrouva dans le Massachussetts à Harvard. Elles passèrent plusieurs semaines, voire plusieurs mois, sans se voir, mais elles ressentaient tout de suite dès que l’une des deux jeunes femmes avaient un problème. Un jour où il pleuvait des trombes d’eau, Erika eut la méchante sensation que sa jumelle se trouvait en mauvaise posture. Elle décida alors de se rendre à New Haven le plus vite possible pour avoir des nouvelles de sa sœur qu’elle ne réussit pas alors à joindre sur son téléphone portable. Au bout de plusieurs heures et plusieurs centaines de kilomètres plus tard, Erika entra dans la chambre universitaire de Shannon et la découvrit ainsi endormie sur son lit mais, presque tout de suite, Erika put se rendre compte que la jeune femme n’était pas dans son état normale. Elle essaya de la réveiller, sans succès. Erika demanda alors à sa colocataire si Shannon se trouvait dans cet état depuis longtemps mais elle ne put répondre car celle-ci revenait d’une fête donnée dans l’une des nombreuses confrérie de l’Université. Erika lui demanda alors de l’aider à porter Shannon jusqu’à la voiture pour l’emmener à l’hôpital afin de savoir ce qu’elle avait et ce fut chose faite quelques minutes plus tard. Après examen, il s’avère qu’elle avait avalé trop de somnifères !
 
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Les années passèrent et elles eurent toutes les deux leur diplôme. A présent, elles étaient mariées, possédaient un emploi qui leur tenait à cœur et avaient chacune un enfant : une fille pour Shannon qui se prénommait Sara et un fils pour Erika, David. Toutes deux étaient épanouies dans leur vie. Les deux jumelles vivaient à quelques pas l’une de l’autre pour le plus grand damne de leur époux respectif et les deux cousins, qui allaient tous deux à la même école et avaient à quelques semaines près, le même âge, passaient le plus clair’ de leur temps ensemble comme si ils avaient été frère et sœur.
 
Les deux jumelles organisèrent une fête déguisée pour Halloween où David et Sara purent inviter tous leurs camarades de classe et ils s’y amusèrent tous énormément mais Sara eut comme une vision au moment même où elle le regarda : il avait le teint livide d’un cadavre et, elle en était sûre, cela ne venait pas du maquillage qui lui recouvrait le visage. Elle le perçut au plus profond d’elle. Sara poussa alors un hurlement qui glaça le sang de toutes les personnes présentes qui arrêtèrent immédiatement, sous le chic, ce qu’elles faisaient et se retournèrent vers la petite fille terrorisée parce qu’elle venait ou croyait avoir vu. Shannon se dirigea alors vers elle d’un pas pressé et s’agenouilla auprès de sa fille qui était restée figée comme sculptée dans la pierre :
 
« Que se passe-t-il ma chérie ?
- C’est… C’est… C’est David ! Il va lui arriver malheur ! »
 
Puis la petite fille éclata en sanglots. Shannon la serra alors dans ses bras en la rassurant tandis qu’Erika demanda aux autres enfants de rentrer chez eux et que la fête était terminée puis elle alla près de Sara qui n’arrivait pas à retrouver son calme et de Shannon. David regarda la scène, dubitatif. Qu’est-ce qui pouvait bien faire croire à Sara qu’il allait lui arriver quelque chose, lui qui était si prudent malgré ses huit ans !
 
Les jumelles couchèrent les deux enfants dans la même chambre ce soir-là. Sara avait fini par trouver le sommeil en tenant la main de son cousin dans la sienne tout en fermant les yeux. Les deux enfants se souhaitèrent alors mutuellement une bonne nuit et s’endormirent presque aussitôt. Les jumelles quant à elles descendirent au salon où elles s’asseyaient dans le canapé devant un bon feu réconfortant dans la cheminée tout en buvant un verre de vin blanc frais. Elles parlèrent ainsi durant plusieurs heures tout en attendant leurs maris qui travaillaient dans la même entreprise de boissons gazeuses. Tous deux avaient créé cette société et la dirigeaient d’une main de fer.
 
Quand enfin ils rentrèrent, Shannon leur expliqua ce qui s’était passé plus tôt dans la soirée et Jeffrey, le mari d’Erika, mis tout ceci sur le compte de la petite fille qui se démenait trop à l’école. Dès qu’il ait fini sa phrase, les trois autres protagonistes éclatèrent de rire en regardant le pauvre Jeffrey qui se demandait ce qu’il avait bien put dire de si drôle ! Les quatre jeunes gens terminèrent la soirée à discuter de tout et de rien puis Erika et Jeffrey finirent par rentrer chez eux laissant David dormir chez Shannon et Stephen.
 
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Plusieurs semaines passèrent depuis le soir d’Halloween et Sara semblait avoir totalement oublié l’épisode malheureux qui s’était produit ce soir-là. C’est quand la petite fille arriva devant l’école avec sa mère qu’elle ressentit une étrange sensation. Alors que les deux sœurs discutaient avec une connaissance du voisinage qui déposait elle aussi son fils à l’école que Sara aperçu David, tenant son robot en plastique d’une main ferme, traverser la rue. Un énorme camion se dirigea à vive allure sur l’enfant qui fut alors projeté à plusieurs dizaines de mètres, laissant tombé son jouet sur la chaussée. Sous le bruit assourdissant des pneus qui crissent Erika et Shannon se retournèrent et découvrirent alors le corps gisant de David sur la route. Sara, quant à elle, resta transie, comme glacée sur place. Erika poussa un hurlement de chagrin voyant ainsi son petit garçon étendu et Shannon essaya de composer le numéro des urgences depuis son téléphone malgré ses mains tremblantes. Un très court instant plus tard qui leur parus pourtant durer une éternité, les sirènes d’une ambulance retentit au loin.
 
Le diagnostic du médecin fut plus que clair : David était mort sur le coup et pas conséquent il n’avait pas souffert. Erika alors tomba à genoux en sanglots. La douleur lui parut si vive qu’elle fut persuadée qu’elle ne la quitterait jamais plus. Mais près d’un an plus tard, la jeune femme s’était quasiment remise de sa peine, comme le reste de la famille hormis Sara qui n’arrivait pas à oublier ce tragique accident. Elle semblait très fatiguée et avait beaucoup de mal à se concentrer en classe d’après son professeur. Shannon l’avait cependant emmené plusieurs fois chez le médecin mais celui-ci ne lui trouva rien d’anormal pour une petite fille de son âge.
 
Sur l’une des étagères de sa chambre, Sara conservait le petit robot en plastique de son cousin qu’elle avait ramassé après l’accident et il lui semblait que quelques fois le jouet lui parlait avec la voix et les mots du petit défunt. Elle se surpris plusieurs fois à répondre à voix basse au robot. C’est alors qu’une fois sa mère passa au même moment dans le couloir qui donnait sur la chambre de l’enfant et que Shannon entendit sa fille parler à David comme s’il se trouvait dans la pièce avec elle. Elle posa le panier de linge qu’elle s’apprêtait alors à mettre en machine et alla s’asseoir sur le lit de Sara :
 
« Ma chérie, dit-elle d’une voix que Shannon avait voulu volontairement exagérément douce, tu sais bien que Davis est mort.
- Je sais maman, mais je sais qu’il est là. Je l’entends qui me parle.
- Il faut que tu cesse ceci car tu sais que ce n’est pas possible. »
 
Sara sentit les larmes couler sur ses joues, elle se sentit envahie alors d’une grande tristesse comme si la petite fille réalisait seulement maintenant la triste vérité. Shannon lui déposa un baiser sur le front tout en lui serrant la main puis elle attrapa un mouchoir en papier qui se trouvait sur la table de nuit de l’enfant et lui essuya les yeux en essayant de lui faire promettre de ne plus parler à David, mais la petite fille ne desserra pas les lèvres.
 
Les jours passèrent et Sara paraissait de plus en plus marquée par la fatigue. La petite fille avait les traits tirés et son regard se para de zones noires sous les yeux. Elle se leva et descendit à la cuisine pour prendre son petit déjeuner, c’est alors que Juanita remarqua comme des traces de doigts sur la nuque de l’enfant. Elle caressa doucement les hématomes de la petite fille qui eut un mouvement de recul. Juanita lui demanda alors si ces traces la faisaient souffrir et Sara hocha affirmativement la tête.
 
Juanita était née au Mexique et elle croyait profondément à la vie après la mort malgré qu’elle n’en avait jamais fait l’expérience quand sa propre grand-mère faisait appel aux défunts afin de soulager la peine de leurs proches. Mais les traces de l’enfant l’intrigua au plus haut point. La jeune Mexicaine commença à se demander si David n’avait pas pris possession de Sara car il se pouvait que le petit garçon, fauché ainsi si violemment à la vie, ne voulait pas trouver le repos. Juanita monta alors dans sa chambre et en redescendit quelques instants plus tard avec un bracelet tissé de brins de multiples couleurs qu’elle noua autour du poignée de Sara. La jeune femme lui recommanda de ne jamais le retiré si elle voulait que David la laisse tranquille et Sara acquiesça, un sourire non dissimulé sur les lèvres.
 
Sara passa une journée calme à l’école mais le soir venu, une fois couchée et quasiment endormie, son poignet se mit à la brûler violemment. Sous l’effet de la chaleur, la gamine se mit à pousser des cris stridents en essayant de retirer le bracelet que lui avait offert Juanita le matin même mais n’y arriva pas. Shannon apparut alors dans l’encadrement de la porte et fut suivi de Juanita à quelques secondes d’intervalle. Le poignet alors de Sara commençait à prendre une couleur rougeâtre très intense et Shannon essaya de trouver la paire de ciseaux qui se trouvait dans la trousse d’école de la petite mais dans la panique, ses gestes étaient mal coordonnés ce qui eut pour effet qu’elle perdait plus de temps qu’autre chose. Juanita essaya quant à elle de dénouer le bracelet mais Sara bougeait tellement à cause de la douleur qu’elle n’arrivait pas même à desserrer le nœud. Puis Shannon finit par aller chercher un couteau à la cuisine et, à peine revenue, elle se dirigea vers Sara, li attrapa le bras et trancha les liens du bracelet. C’est alors qu’une rafale de vent d’une violence telle qu’elle ouvrit la fenêtre de la chambre de l’enfant qui claqua sur le rebord faisant un trou dans le mur. Shannon alla jusqu’à celle-ci et ferma de nouveau la fenêtre. Le vent alors redescendit aussi vite qu’il était venu. Shannon resta dubitative devant la fenêtre, regardant à l’extérieur, ne sachant quoi penser. Juanita était partie à la salle de bains pour aller chercher des bandages et des désinfectants pour soigner l’enfant dont les larmes ne cessaient de couler. Puis Sara balbutia quelques mots inaudibles avant de prononcer le nom de « David » bien distinctement en désignant le robot du doigt. Juanita jeta alors un coup d’œil inquiet à Shannon et elle lui demanda de la rejoindre à la cuisine car elle devait lui parler. La jeune femme sortit de la chambre et Shannon alla déposer un baiser sur le front de Sara qui commençait, à présent, à s’endormir. Elle pouvait dire qu’elle avait eu peur quand elle aperçut le poignet de sa fille virer au rouge vif mais il lui semblait désormais qu’il y avait eu plus de peur que de mal.
 
Shannon descendit donc à la cuisine et s’asseye sur l’une des chaises autour de la table où toute la famille avait l’habitude de prendre le petit déjeuner. Juanita lui servit un café avant de s’en servir un pour elle-même et s’asseye devant elle.
 
« Il est temps que je vous parle de David. Je pense qu’il hante votre fille. »
 
Shannon eut un rire anxieux avant de lui demander s’il s’agissait d’une plaisanterie. Mais Juanita continua à exposer les faits dont elle avait été le témoin et, à présent, cela ne faisait plus aucun doute dans son esprit : David s’emparait de la force vitale de l’enfant, c’est pour cela que Sara se fatiguait malgré le repos qu’elle prenait toutes les nuits. Shannon se mit alors le visage dans les mains tout en demandant, sur un ton qu’elle voulait ferme sans être agressif pour autant, 0juanita de cesser ces balivernes. C’est alors que Juanita se leva et se dirigea vers le téléphone. Elle décrocha le combiné et composa le numéro d’Erika qui écouta attentivement les doléances de la jeune Mexicaine.
 
A peine dix minutes plus tard, la sonneerie de la porte d’entrée retentit. Juanita alla ouvrir et decouvrit qu’il s’agissait de la jumelle qui venait prendre des nouvelles de Sara et de sa sœur de vis vue. Dès qu’elle aperçut Shannon dans la cuisine, elle s’en approcha et déposa sa main sur l’épaule de la jeune femme qui lui semblait plus qu’épuisée.
 
« Il faudrait, ma chère sœur, que tu aille voir un médecin car tu es pâle comme un linge.
- J’ai pris rendez-vous déjà et j’y vais demain à deux heures. » Répondit Shannon sans même lever la tête.
 
Puis Shannon se leva et prit congé de Juanita et de sa sœur et monta se coucher.
 
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Juanita et Erika s’asseyaient dans le canapé devant la cheminée et les deux jeunes femmes discutèrent durant plusieurs heures. C’est alors que le portable d’Erika sonna. Elle décrocha :
 
«  Allo ?
- Chérie ! C’est moi, où es-tu ?
- Je suis chez Shannon. Il y a eu un incident avec Sara ce soir mais je ne vais pas tarder à rentrer.
- Quel genre d’incident ?
- Je t’expliquerai à la maison. A tout à l’heure mon amour.
- Je t’attends alors. »
 
Erika passa encore une petite heure en compagnie de Juanita puis rentra chez elle. Elle trouva alors Jeffrey qui était déjà couché. Elle alla alors dans la salle de bains et se dévêtue. Elle retourna ensuite dans la chambre et se glissa sous les draps avec son époux qui ne dormait pas. Erika lui expliqua alors ce que lui avait dit Juanita mais le jeune homme trouva cette idée totalement absurde. Cependant, selon Erika et, par définition, cela se tenait. Tout de suite Jeffrey l’arrêta dans son argumentation, trouvant en celle-ci une façon désespérée de faire vivre David à travers Sara, ce qui se refusait de faire malgré sa femme. Ils finirent par s’endormir dans les bras de l’un et l’autre et passèrent ainsi une nuit calme.
 
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Sara se réveilla très tôt. De larges ombres sombres se dessinaient de plus en plus sous ses yeux et sa pâleur allait en augmentant. Shannon, la voyant ainsi, demanda à Juanita de la garder à la maison aujourd’hui car elle était trop fatiguée pour aller à l’école. Juanita se dirigea vers l’enfant et lui découvrit la nuque où les traces de doigts étaient plus présentes que jamais.
 
Juanita attendit que Shannon parte pour son rendez-vous chez le médecin pour emmener Sara chez sa grand-mère en compagnie d’Erika. Elles montèrent toutes les trois dans la voitures de Juanita et firent une bonne douzaine de kilomètres avant de s’arrêter devant une maison de taille modeste. Juanita frappa à la porte. Quelques secondes plus tard, elles entendirent la voix de la vieille femme qui leur demanda de rentrer vu que la porte ne fit pas verrouillée. Juanita guida Sara et Erika dans le salon où la vieille femme avait préparé plusieurs accessoires à la « cérémonie » qui allait se dérouler. Erika et Juanita n’avaient pas dit à Sara ce qui allait se passer car s’il s’agissait bien d’un cas de possession, il ne fallait pas que David soit au courant de ce qui l’attendait en ces lieux.
 
La grand-mère demanda à Sara de s’asseoir sur la chaise qui se trouvait au centre de la pièce, ce qu’elle fit sans même discuter. Se plaçant derrière elle, Juanita prit les liens qui se trouvaient sur la petite table dissimulée au fond de la pièce et en encercla l’enfant qui ne comprenait pas pourquoi sa nourrisse l’attache ainsi. Puis ce fut au tour d’Erika qui lui attacha les pieds à ceux de la chaise. La vieille femme vint alors près de la gamine apeurée avec une écuelle remplie d’un liquide d’un rouge sang, elle trempa ses doigt dans le liquide et dessina un pentacle inversé sur le front de la gamine qui commençait à s’agiter comme si elle avait subi une violence inouïe.
 
Au bout de deux minutes à peine, la voix de Sara changea d’intonation et Erika reconnu alors la voix de David. Elle en fut ébranlé quelques minutes puis repris son rôle qui était de parler à son fils afin de savoir ce qu’il voulait et pourquoi il s’accrochait ainsi à Sara.
 
L’enfant était dans un colère noire, ne sachant plus s’il s’agissait de Sara ou de David. Juanita et Erika avait l’impression de voir le visage du petit défunt sous les traits de Sara. Puis la vieille femme prit les mains de l’enfant dans les siennes mais la gamine la griffa violemment tout en essayant de desserrer ses liens. Une fois encore c’est avec la voix de David que Sara s’exprimait.
 
« Laisse-moi partir !!! Criait la voix en colère du petit garçon. Si tu ne me laisse pas partir, je ne laisserai jamais Sara.
- Pourquoi veux-tu Sara ? Pourquoi Est-ce que tu lui fais du mal.
- Je veux revenir !
- Mais il est impossible pour toi de revenir. Tu devrais aller vers la lumière, elle est bonne pour toi.
- NON !!! »
 
Puis Sara s’évanouit. Erika avait conscience de ce que la petite fille endurait mais cela était nécessaire à son bien être. Puis il fut temps pour les trois protagonistes de libérer Sara car il était certain, d’après la vieille femme que David avait quitté le corps de la petite fille qui était à bout de forces. Erika l’en remercia chaleureusement et prit sa nièce dans ses bras. Puis elle sortit de la maison en compagnie de Juanita qui embrassa sa grand-mère avant de refermer la porte d’entrée. Erika déposa Sara délicatement à l’arrière de la voiture tandis que Juanita se glissait derrière le volant. Puis Erika s’installa à côté de la Mexicaine. Elles ramenaient Sara chez elle.
 
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Shannon attendait depuis près d’un quart d’heure dans la salle d’attente quand le médecin ouvrit la porte de son cabinet et l’invita à entrer. Elle alla s’assoir sur la table d’examen. Le docteur s’approcha d’elle et lui demanda se qu’il se passait. Elle répondit alors qu’elle éprouvait une grande fatigue et qu’elle avait perdu l’appétit. Il demanda à la jeune femme de s’allonger et elle s’exécuta. Il prit son stéthoscope et l’appliqua sur la poitrine de Shannon qui avait pris soin de déboutonner son chemisier, laissant apparaître son soutien gorge. L’homme lui demanda ensuite de s’assoir et de se mettre de dos puis il écouta ses poumons après lui avoir demander de respirer par la bouche. Rien! Il n’y avait rien d’anormal de ce côté. Il continua son examen puis finit par lui prescrire une prise de sang pour être sûr que rien ne lui échappe.
 
Shannon se rhabilla et descendit de la table, pour aller s’assoir sur une chaise devant le médecin qui était revenu à son bureau. Il rédigea son ordonnance et le lui tendit. Shannon la plia en deux et la glissa dans son sac, puis se releva, serra la main du médecin et sortit.
 
Au bout d’une demie heure, Shannon ouvrit la porte d’entrée de chez elle et fut surprise que celle-ci soit fermée à clefs. Puis dès qu’elle franchit la porte, elle appela à qui était là mais elle ne reçut aucune réponse. Shannon trouva ces absences bizarres car elle avait demandé à Juanita de laisser Sara se reposer mais peut-être étaient-elles parties faire un tour dans le parc afin de prendre l’air. Elle se dirigea ensuite vers sa chambre et sortit un pantalon de jogging tout simple qu’elle mettait souvent pour se détendre et un t-shirt. Elle alla se changer dans la salle de bains quand, tout à coup, elle entendit la porte d’entrée s’ouvrir ainsi que les voix de Juanita et d’Erika. Shannon descendit alors l’escalier, c’est à cet instant qu’elle aperçu Sara dans les bras de sa tante. Elle était furieuse. Shannon ne se contrôlait plus et hurlait sur sa sœur et la nourrisse de Sara :
 
« Mais où étiez vous ? Que lui avez-vous fait ?
- Calme toi Shannon, dit tranquillement Erika, je vais tout te dire mais avant il faut que tu fasses redescendre la température ! »
 
Shannon détestait quand sa jumelle jouait les psy avec elle et redoubla de colère. Elle attrapa sa fille et la monta dans sa chambre tout en criant aux deux femmes de ne pas bouger, qu’elle serait de retour d’ici un instant. Shannon déposa Sara dans son lit et la recouvrit de sa couverture aux effigies de la Petite Sirène et retourna près de Juanita et d’Erika. Le fait de coucher Sara avait eu un effet calmant sur Shannon mais pas suffisamment pour accorder son pardon aux deux jeunes femmes qui essayaient de lui faire entendre raison.
 
Dès qu’Erika lui exposa ce qui s’était passé, Shannon entra dans une colère telle qu’elle envoyait tout ce qui lui tombait sous la main aux visages de Juanita, qu’elle licencia par la même occasion, et de sa sœur qui ne savait plus quoi faire pour que Shannon retrouve son calme. C’est alors que la jeune femme les mit toutes les deux à la porte de chez elle sans oublier de claquer la porte d’entrée de toutes ses forces. Elle prit le téléphone et appela Stephen pour lui dire qu’il ne l’a trouverait pas à la maison car elle voulait emmener Sara dans la maison de sa propre mère, là où Shannon avait passé les meilleurs moments de sa vie.
 
Shannon alla préparer les valises de Sara et les siennes puis les chargea dans la voiture. Elle voulait partir le plus vite possible de cette ville, pas parce qu’elle n’aimait plus y vivre mais parce qu’elle voulait se retrouver seule en compagnie de sa petite fille et surtout fuir tous ceux qui leur voulait du mal. Dès que Shannon eut terminer de préparer l’arrière de la voiture avec des oreillers et une couverture pour y installer Sara, elle alla la réveiller dans sa chambre, mais dès qu’elle ouvrit la porte elle put voir la gamine, assise sur son lit, les bras tendus vers l’étagère où se trouvait le jouet de son cousin et parlant comme s’il était, une fois de plus, à ses côtés.
 
Shannon s’avança alors à toute vitesse vers la petite fille et la prit dans ses bras mais Sara se débattait comme un petit chat effrayée. Elle hurlait comme quoi qu’elle voulait le robot mais Shannon ne lui permit pas de le prendre. Alors Sara redoubla de violence au point où Shannon ne réussit pas à la tenir ainsi bien longtemps. La laissant tomber malgré elle, l’enfant se jeta sur elle et essaya de la mordre mais Shannon la saisit pas les poignets et la traîna de force à l’extérieur de la maison. Sara, une fois la porte franchie, tomba à genoux sur le sol, épuisée.
 
Shannon la souleva de terre et l’emmena jusqu’à l’auto. Elle aida Sara à s’installer confortablement à l’arrière, la recouvrit de la couverture et ferma la portière. Elle se glissa ensuite derrière le volant et mit le contact quand elle entendit Sara lui demander d’une voix faible et fatiguée où elles allaient. Puis l’enfant se mit à pleurer en suppliant sa mère de ne pas l’emmener chez la vieille femme qui l’avait attachée. Shannon se retourna alors vers sa fille en lui disant qu’elle allait à la maison de la plage. En voyant Sara pleurer car celle-ci avait peur de ce que lui avait fait endurer Juanita et sa propre sœur, elle sentit son cœur se serrer et cru qu’elle ne pourrait jamais leur pardonner le mal qu’elles avaient infliger à sa fille. Une fois rassurée, la petite cala sa tête dans les oreillers et ferma les yeux, Shannon démarra alors. Elles passèrent plusieurs heures en voiture mais à aucun moment Sara fit l’un de ses « crises ».
 
Shannon se gara dans la petite allée en face de la maison et déjà elle pouvait entendre les vagues se fracasser sur les rochers. Elle se sentit alors comme libérer de tous ses problèmes. Sara dormait et tout était d’un calme olympien. Elle se laissa tomber sur le siège de sa voiture et contempla un instant l’étendue d’eau qu’elle arrivait à apercevoir non loin de là. La nuit était tombée depuis quelques heures déjà mais elle se sentait bien et n’avait aucune envie de bouger, tout au moins pour le moment.
 
Shannon finit par s’endormir au volant de la voiture et dès qu’elle ouvrit les yeux, le soleil était déjà haut dans le ciel et Sara était au bord de la mer à monter un château de sable. Elle s’étira longuement puis sortit du véhicule avant de rejoindre sa fille. Elle fut heureuse de voir que l’enfant semblait bien au lendemain de ces terribles épreuves que lui avaient affligées sa tante avec la complicité de Juanita. Shannon sortit les clefs de la maison de son sac et informa Sara que le petit déjeuner serait servi dans un petit quart d’heure et, sur le ton de la plaisanterie, elle lui dit aussi que tout retard serait sanctionné d’une séance de chatouilles !
 
Shannon retira les draps qui dissimulaient les meubles tandis que les œufs chauffaient dans la poêle. La poussière vola dans toute la pièce. Puis elles avalèrent le petit repas et Sara alla s’asseoir dans un fauteuil avec un album de photos qu’elle trouva dans la bibliothèque. Shannon, quant à elle, s’était appareillé de gants et d’un tablier ainsi qu’un chiffon et elle commença à remettre la maison en ordre. Elle ignorait combien de temps elles resteraient ici, cependant elle décida de téléphoner à son mari pour le prévenir qu’elles étaient arrivées saines et sauves à bon port. Les rejoindrait-il peut-être pour le weekend, cela donna le sourire à Shannon : voir toute sa petite famille réunie dans cette maison qui sentait le bonheur. Puis, une fois le ménage terminé, Shannon alla s’asseoir près de Sara qui regardait les photos de sa mère quand elle avait son âge.
 
« C’est toi maman, là ? Demanda l’enfant avec un sourire sur les lèvres,
- Non, c’est tante Erika. »
 
Puis Shannon lui en montra une où elle était avec sa maman avant que celle-ci ne les quitte. En regardant l’image, Shannon eut un pincement au cœur. Elle ne s’ était pas aperçu à quel point sa mère pouvait lui manquer. Malgré tout, la jeune femme se reprit rapidement car elle voulait passer du bon temps avec Sara qui, malheureusement, n’avait pas connu sa grand-mère.
 
Mère et fille passèrent ainsi plus de deux heures dans ce canapé, Shannon lui racontant les anecdotes de son enfance, ce qui fit rire, bien souvent l’enfant aux éclats. Shannon était heureuse de la voir ainsi, cela faisait bien longtemps, trop longtemps même à son goût, que sa petite fille n’avait ainsi put se détendre sans crainte le moindre incident.
 
Puis, sans que l’une ou l’autre, ne s’en aperçoive, il était déjà l’heure de faire le déjeuner. C’est alors que Shannon proposa à Sara un pique-nique sur la plage. La fillette sauta de joie alors Shannon prépara des sandwichs pendant que Sara préparait un petit panier avec un plaid, de la vaisselle en plastiques et des jus de fruits en bouteilles. Shannon lui demanda de tout préparer sur le sable mais pas trop proche de l’eau pour ne pas se faire surprendre par la marée montante et l’enfant sortit de la maison et se dirigea vers ce qui allait être leur salle à manger du jour.
 
Quand Shannon arriva sur la plage, elle vit Sara au bord de l’eau qui regardait au loin. La fillette ne répondit pas dès que sa mère l’appela pour venir manger alors elle s’approcha d’elle. Sa peau était glacée et elle avait les yeux révulsés. Quand Shannon l’attrapa par les épaules, l’enfant lui parla avec une voix qui n’était pas la sienne :
 
« Je veux revenir ! »
 
Shannon tomba à la renverse, laissant tomber le repas sur le sable, en entendant cette intonation qu’elle reconnut. Choquée, elle prit à nouveau sa fille par les épaules, après s’être relevée, et la secoua pour essayer de la sortir de cette léthargie, mais elle ne fit que répéter encore et encore :
 
« Je veux revenir ! »
 
Shannon courut alors jusqu’à la maison et appela Stephen au bureau. Elle avait du mal à articuler les mots tant son cœur battait fort dans sa poitrine. Elle lui demanda de venir le plus vite qu’il le pouvait.
 
« OK, j’arrive ! Ne t’inquiète pas. »
 
Puis la jeune femme essaya tant bien que mal de ramener Sara dans la maison.
 
**********
 
Stephen raccrocha le téléphone et prit congé de son client. Il sortit du grand building aussi rapidement que possible et le voiturier lui apporta son véhicule laissant les clefs sur le contact. Stephen ne savait pas ce qu’il pouvait bien se tramer encore mais jamais il n’avait vu Shannon paniquer à ce point. Il en déduisit qu’il était urgent de les retrouver. Il grilla tous les feux et roula à une allure plus que déraisonnable mais il n’en avait que faire. Le plus important était de retrouver sa famille le plus vite possible. Pendant un instant il crut que Shannon était devenue paranoïaque mais il devait, tout de même, faire de son mieux afin de lui venir en aide. Ce n’est qu’en arrivant sur place qu’il découvrit l’étendu du problème.
 
Durant tout le temps qu’il avait passé en voiture, Shannon lui expliqua que Sara n’avait pas bougé d’un centimètre depuis qu’elle l’avait ramené dans la maison et qu’à chaque fois qu’elle essaya de lui parler, l’enfant lui répétait toujours la même phrase avec cette voix étrange. C’est alors que Stephen essaya de parler à Sara qui, en entendant la voix de son père, tomba sur le sol, inanimée. Il l’a souleva alors dans ses bras et l’installa sur le canapé. Toute cette histoire lui paraissait folle et d’où pouvait donc venir cette voix qui affolait tellement Shannon. Jusqu’ici, le jeune homme n’avait jamais assisté à quoique ce soit qui lui parut si étrange pour que son épouse se mette dans tous ses états. Il l’a convia à la cuisine, ils devaient discuter et cela devenait, selon Stephen, urgent qu’il sache ce qu’éprouvait Shannon car depuis la mort de David elle s’était montée plus que distante avec lui.
 
Ils parlèrent tous deux durant une bonne heure et Shannon finit en pleurs, ne comprenant pas ce qui arrivait à sa famille. Fatiguée de cette situation, la jeune femme accepta d’emmener Sara voir un spécialiste à condition qu’il ne s’agisse pas de sa jumelle. Stephen accepta. Stephen se leva alors et embrassa son épouse dont les larmes ne cessaient de couler sur ses joues et lui promit d’être présent pour elle et leur fille. Puis il monta dans la salle de bains afin de se rafraîchir un peu. Au bout de quelques minutes, il entendit des bruits assourdissants de verre brisé. Il descendit alors l’escaliers quatre marches par quatre et découvrit Sara qui envoyait tout valsé à travers la pièce. Son père l’attrapa alors et la souleva de terre en lui hurlant d’arrêter cela tout de suite mais l’enfant qui n’avait pas l’intention de se laisser faire lui infligea un violent coup de pied qui surpris tellement Stephen qu’il lâcha prise. Sara tomba alors sur le sol mais se releva aussitôt. Elle se dirigea ensuite vers Shannon qui, la voyant venir vers elle, eut un mouvement de recul, et Sara posa sa main sur le ventre de sa mère en répétant :
 
« Je veux revenir ! »
 
Shannon ne comprenait pas pourquoi sa fille venait d’avoir ce geste mais, tout à coup, elle se souvint qu’elle n’avait pas encore eu les résultats de sa prise de sang. Serait-ce possible que…. Non, elle en doutait fort car depuis le temps qu’elle et Stephen essayait d’avoir en autre enfant, elle avait perdu l’espoir. Puis il ne serait pas raisonnable de se trouver enceinte dans cette situation. C’est la petite voix douce de Sara, qui à présent, pleurait à chaudes larmes, qui la sortie de sa rêverie :
 
« Maman ! »
 
Shannon ne réagit pas tout de suite puis finit par aller près de Sara.
 
« Qu’est-ce qui c’est passé, maman ? »
 
La fillette semblait totalement perdue. Shannon ne sut quoi il répondre et lança un regard à Stephen qui ne comprenait plus rien. Il commençait même à douter de ce qu’il venait de voir. Peut-être s’agissait-il d’hallucinations collectives, pensa-t-il, mais cela lui parût si réel que cette possibilité quitta son esprit aussi rapidement qu’elle avait surgi.
 
« Pourquoi David ne me laisse pas tranquille, maman ? »
 
Le visage de ses parents se durcirent à ces mots :
 
« Ce n’est pas David, ma chérie, je te l’ai déjà dit. David est mort.
- Mais pourquoi en discuter, renchérit Stephen. Il faut que tu cesse tout ceci Sara, dit -il sur un ton plus coléreux.
- Mais… Mais c’est Dav…. »
 
Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase que son père la souleva de terre :
 
« Tu arrêtes ça tout de suite ! »
 
Il l’a reposa sans ménagement et quitta la pièce d’un pas déterminé. La fillette se mit à pleurer de plus belle, ne pouvant plus retenir ses larmes. Sa mère n’approuvait pas l’attitude que venait d’avoir Stephen mais elle pouvait l’en blâmer. Elle aussi était d’avis que tout cela commençait à bien faire mais elle était persuadée que se fille faisait tout ceci inconsciemment même si elle avait du mal à croire qu’il s’agisse bel et bien du « fantôme » de son neveu. Exténué par cette situation, Stephen prit la décision de regagner la ville afin de se plonger dans le travail.
 
**********
 
Erika essaya plusieurs fois de téléphoner chez sa sœur, mais elle n’avait jamais de réponse. Cela faisait déjà un mois qu’elle ne l’avait vu depuis la sorte d‘« exorcisme » qu’elle avait fait faire à Sara. La jeune femme commençait à s’inquiéter, non pas pour la fillette, mais pour son propre fils qui était, visiblement, coincé entre deux mondes. Elle décida alors de se rendre à la maison de la plage car elle ne voyait pas où sa sœur aurait pu se réfugier ailleurs.
 
Elle parcouru la route sans encombre et dès qu’elle descendit de voiture, elle aperçut Shannon et Sara sur la plage. Elle s’avança alors et dès que la gamine la vit, elle se précipita pour lui sauter dans les bras. Shannon, quant à elle, suivant Sara des yeux, elle n’avait toujours pas réussi à pardonner à sa sœur mais il lui fallait faire bonne figure pour le bien de sa fille qui, malgré tout, adorait sa tante. Puis Sara retourna jouer au bord de l’eau alors qu’Erika vint s’asseoir aux côtés de Shannon. Elles passèrent plus de cinq minutes silencieuses avant que Shannon ne brise le silence :
 
« Que viens-tu faire ici ?
- Je m’inquiétais. Tu ne donne plus de nouvelles à quiconque sauf à Stephen qui refuse de nous dire comment vous allez, toi et la petite. Au fait, il m’a demandé de te remettre ceci. »
 
Elle fouilla quelques secondes dans son sac et en sortit une enveloppe encore scellée. Shannon l’ouvrit ; il s’agissait de ses résultats sanguins qu’elle avait passé un mois plus tôt en sortant de chez le médecin. Elle lut attentivement les résultats et ils révélèrent ce qu’elle redoutait en ces temps troublés : elle attendait un heureux événement. Elle partagea cette nouvelle immédiatement avec sa sœur qui en fut folle de joie et se retourna vers la plage pour l’annoncer à Sara mais Shannon ne la voyait plus. Elle se mit alors à l’appeler de toute ses forces mais pas de réponses, elle renouvela son appel. Toujours rien. La panique commençait à la conquérir quand elle appela une troisième fois mais cette fois Erika l’appela en cœur avec sa sœur et là, la petite fille surgit de derrière un rocher. Les deux femmes furent soulager de voir qu’elle jouait tout simplement à cache-cache. Shannon lui demanda de ne jamais refaire ça et la gamine lui fit un signe affirmatif de la tête.
 
« Viens ici, s’il te plaît, Sara, lui demanda alors Shannon.
- Oui maman, qui a-t-il ?
- Il faut que tu saches que tu vas bientôt avoir une petite sœur ou un petit frère.
- Il faudrait que ce soit un garçon, dit Sara du tac au tac, comme ça David pourra revenir.
- Ne recommence pas, supplia alors Shannon, on t’a déjà dit qu’il ne reviendrai jamais. »
 
Sara se releva et retourna jouer sans même jeter un coup d’œil à Erika ou Shannon. Erika affirma à sa sœur que ce genre de chose était normale mais Shannon ne tint pas compte. Elles passèrent l’après midi à parler de tout et de rien puis elles rentrèrent aux premiers rayons de soleil déclinants à l’horizon. Erika aida sa jumelle à préparer et repas, que les deux sœurs et la fillette partagèrent dans la bonne humeur malgré la réticence de Shannon et, une fois Sara au lit et endormie, les deux sœurs allèrent s’installer dans le canapé et abordèrent le sujet qui fâche :
 
« Erika, il faut que tu arrête de croire que ton fils est présent autour de Sara. Ca la perturbe énormément si bien qu’elle nous fait des dédoublements de personnalité.
- Voilà que tu essaie de faire mon travail à présent, répondit Erika sur le ton de la plaisanterie essayant ainsi de détendre l’atmosphère mais sans aucun résultat.
- Ce n’est pas drôle, tu sais. Elle nous fait des crises terribles et on ne sait pas comment lui venir en aide.
- Dans ce cas laisse moi parler avec elle, en tant que psychologue bien sûr, et j’essaierai de savoir ce qu’elle a au juste.
- Je ne sais pas, lui dit Shannon, je n’ai plus confiance en tes méthodes depuis que….
- Je sais, coupa Erika, j’ai fait une erreur en écoutant Juanita mais ça ne se reproduira pas.
- Je vais y réfléchir, conclut Shannon. »
 
Puis Shannon se leva, souhaita une bonne nuit à sa sœur et monta se coucher. Sa nuit fut troubler par d’innombrables cauchemars où se mêlaient l’accident de David et les crises de Sara. Elle s’agita dans tous les sens au point de tremper son lit de sueur. Elle se leva plusieurs fois dans la nuit pour se rendre dans la salle de bains, se passer de l’eau fraîche sur le visage mais dès qu’elle sombrait de nouveau dans le sommeil, son calvaire continuait. Shannon finit par se résoudre à attendre le matin, sans se rendormir, en regardant la mer briller sous le firmament étoilé par la fenêtre de sa chambre.
 
**********
 
Les premiers mois de sa grossesse se passa sans anicroches. Erika était rentrée en ville mais Shannon avait souhaité rester dans la maison de ses parents. Sara, du à sa perpétuelle fatigue, n’allait plus à l’école mais cela n’avait plus aucune importance car les vacances de l’été étaient toutes proches. La fillette ne faisait plus de crises depuis que Shannon lui avait annoncé l’heureuse nouvelle. Seul Stephen manquait au tableau. Il s’efforçait pourtant d’être le plus présent possible auprès d’elles mais qui disait vacances d’été disait aussi plus de travail pour le jeune homme.
 
Mère et fille partageaient nombres activités ensemble malgré les recommandations du médecin qui préconisait le plus de repos possible. Erika venait de temps à autre pour aider Shannon afin qu’elle ne se fatigue pas trop et elle serait plus présente encore d’ici quelques jours pour passer ses congés avec elles deux.
 
Puis ce jour arriva, Erika prenait tout en charge : que ce soit le ménage les repas et même les courses, sans parler de Sara. Elle faisait en sorte que Shannon n’est plus rien à faire de fatiguant dans son état. Sara et Erika devint plus proches que jamais, rendant Shannon jalouse de leur relation. Toutes deux avaient décidé de faire une surprise à la future maman en lui construisant une maison de poupée en bois qu’elle fabriquait à la cave, étant donné que Shannon n’y descendait jamais. La construction prenait forme un peu plus chaque jour. Ses murs étaient d’un bleu ciel un peu délavé. Il s’agissait d’une maison coloniale avec des colonnes de chaque côté de la porte d’entrée, s’ouvrant sur sa façade, elle offrait un intérieur était luxueux. Ses meubles, fabriqués par Erika qui, à ses heures perdues, aimaient travaillé le bois, étaient magnifiquement décorés. Elle y passa des heures entières à les monter puis les peindre afin qu’ils soient le plus réalistes possible.
 
S’ennuyant seule dans sa chambre, Shannon décida de descendre prendre l’air dans la balancelle sur le perron de la maison. L’air était agréable à cette heure de la journée, ni trop chaud ni trop froid, avec une légère brise qui venait lui caresser le visage. Elle perdit son regard dans l’immensité bleue sans aucune pensée en tête. Ce sont les rires de Sara et d’Erika qui la ramenèrent à la réalité.
 
« Ah tu es là maman ! »
 
Le ton qu’avait employer Sara parût neutre aux oreilles de Shannon comme si la fillette ne se souciait guère de la présence de sa mère. La jeune femme avait l’impression de perte sa fille un peur plus chaque jour et elle était bien décidé à en parler à Erika. Mais dès qu’elle aborda le sujet venu le soir même, son interlocutrice ne prêta plus guère d’attention que l’avait fait Sara. Elle en avait assez de faire partie des meubles dans cette maison depuis que sa sœur avait décidé de passer toutes ses vacances avec elle et Sara. Contrariée, Shannon remonta dans sa chambre et pleura doucement, se sentant de plus en plus seule. Mais à peine une heure après, Erika vint la voir et lui demanda de l’excuser pour son attitude mais elle prenait tellement de plaisir à construire cette maison sans pouvoir en parler à Shannon que souvent elle ne fit pas attention aux sentiments que cette dernière pouvait éprouver.
 
**********
 
Le weekend arriva ainsi que les maris respectifs des jumelles. Stephen annonça une grande nouvelle à sa femme : il avait trouvé une maison plus grande que la leur et qui serait plus adaptée pour l’arrivée du bébé. Malgré que Shannon adore sa maison, il fut vrai qu’une demeure plus grande serait plus approprié et elle remercia Stephen d’avoir fait toutes les démarches afin de trouver leur future demeure.
 
Le weekend passa à une allure folle et Shannon fut triste de devoir dire une fois de plus au revoir à Stephen. Sara sauta dans les bras de son père et lui demanda s’il venait la semaine suivante. Question à laquelle il répondit en émettant toutefois une réserve, ne sachant pas ce qu’il l’attendrait cette semaine. Puis la vie reprit son train-train habituel : Erika et Sara à la cave et Shannon dans sa chambre à bouquiner la plupart du temps.
 
Un matin où Shannon dormait encore, Erika et Sara montèrent la maison de poupée terminée dans sa chambre sans faire de bruit pour ne pas la réveiller. Elles l’avaient terminée plus tôt dans la matinée pour enfin faire la surprise à Shannon. Puis Erika alla préparer le petit déjeuner de sa sœur qu’elle monta sur un plateau tandis que Sara alla s’asseoir près d’elle pour la réveiller tendrement avec un câlin. Dès que Shannon ouvrit les yeux, elle serra Sara fort dans ses bras en faisant attention à son ventre déjà bien arrondi. Puis Erika lui demanda de s’asseoir confortablement et elle déposa le plateau sur les genoux de sa sœur mais dès que celle-ci aperçu la maison, elle déposa son petit déjeuner sur le lit et se leva pour aller admirer l’œuvre magnifique.
 
« Et c’est Sara qui a dessiné les plan ! » Dit Erika, fière de sa nièce et de leur projet.
 
Shannon examina avec attention chaque détail et elle fut encore plus éblouie dès que Sara ouvrit la façade pour lui faire découvrir tous les secrets que la bâtisse pouvait révéler. Elle fut surprise de constater tous les infimes détails des meubles que renfermait la maison et remercia chaleureusement Sara et Erika pour ce fabuleux cadeau. Mais des contractions vinrent gâcher ce moment. Se pliant en deux de douleur, Shannon retourna s’asseoir sur le pied de son lit en se tenant le bas du ventre. Erika vint à côté d’elle :
 
« Ca va ? Demanda-t-elle inquiète.
- Oui, ça commence à passer.
- Je pense qu’il serait raisonnable de rentrer en ville car, ici, le premier hôpital est à plus d’une heure de voiture et je n’ai pas envie que tu accouches sans aide médicale.
- Tu as peut-être bien raison. » Dit Shannon approuvant sa sœur.
 
Shannon se leva et commença à réunir ses vêtements mais Erika lui dit de retourner au lit et d’avaler son repas. Elle allait s’occuper de tout ce qu’il fallait pour qu’elle puisse rentrer avant la nuit. Erika appela Stephen pour lui dire qu’elle rentrait suite à des contractions et il lui répondit qu’il allait tout préparer pour le retour de ses « p’tites femmes » comme il aimait les appeler.
 
**********
 
La voiture s’arrêta dans l’allée à quelques mètres de la maison. Les jumelles et Sara descendirent du véhicule, alors que Stephen et Jeffrey les attendaient sur le pas de la porte. En voyant Shannon, Stephen vint à sa rencontre afin de l’aider à entrer. Elle marchait péniblement, mais par à cause de sa grossesse mais parce qu’elle avait les jambes engourdies du au long trajet qu’elle venait d’effectuer. Le jeune homme lui servit un verre d’eau fraîche et elle alla s’asseoir devant la cheminée. Puis Stephen prépara quelques sandwichs pour Sara et dès qu’elle eut fini son repas improvisé, elle monta se coucher car la nuit était déjà bien avancée. Erika et Jeffrey, quant à eux, ils rentrèrent chez eux après avoir souhaiter une bonne nuit au couple et après avoir embrasser leur nièce. Erika dit à Shannon qu’elle passerait la voir le lendemain pour l’aider dans ses tâches quotidiennes et avec Sara.
 
Stephen alla alors s’asseoir près de Shannon après être monté voir si Sara dormait et avoir pris une couverture dans l’armoire de leur chambre. Il en recouvra les jambes de Shannon et la prit dans ses bras. Ils étaient heureux d’être enfin réuni mais Shannon trouvait que depuis qu’elle avait éloigné Sara de cette maison, elle allait beaucoup mieux malgré que les traces sombres sur sa nuque persistent ainsi que sa fatigue. Les deux époux restèrent là, tranquilles, serrer l’un contre l’autre. Puis ils finirent par somnoler. C’est un cri poussé à l’étage qui les ramenèrent à la réalité : c’était Sara qui hurlait. Tout de suite, ils se levèrent. Stephen monta les marche quatre à quatre, tandis que Shannon allait aussi vite que lui permettait son état. Mais une fois dans la chambre de la gamine, celle-ci n’y était plus. Shannon remarqua que la fenêtre de sa chambre était grande ouverte quand ils entendirent :
 
« David, laisse-moi ! »
 
La voix de l’enfant venait de l’extérieur. Stephen s’approcha alors de la fenêtre et se pencha pour regarder, tout d’abord vers le bas, puis vers le haut, et ce qu’il découvrit lui glaça le sang : Sara était monté sur le toit de la maison et marchait, à présent, en équilibre sur la poutre centrale de celui-ci, s’approchant dangereusement du bord de l’édifice. Shannon demanda sur un ton qu’elle essayait de garder calme s’il voyait quelque chose et quand Stephen lui appris que Sara était sur le toit, elle se sentit partir dans une sorte de délire paranoïaque.
 
« S’il te plaît, dit-elle en pleurant, va la chercher. »
 
Puis Stephen enjamba le rebord de la fenêtre tandis que Shannon redescendait l’escalier pour sortir de la maison afin d’essayer de raisonner Sara pour la faire descendre de là sans qu’il lui arrive malheur. Mais à peine avait-elle mis le pied de hors qu’elle vit la silhouette de Sara atterrir sur la pelouse du jardin. Shannon se mit à hurler tout en se précipitant auprès de l’enfant sans connaissance. Une marre de sang commençait à se former sous sa tête, colorant ses cheveux blonds d’un rouge sinistre. Shannon jeta un coup d’œil à Stephen qui restait paralysé par cette tragédie. Alors Shannon lui hurla de descendre et d’appeler les secours avec son téléphone portable que le jeune homme gardait toujours dans la poche de son pantalon. Il s’exécuta. Sa voix tremblait et il avait du mal à prononcer les mots comme il l’aurait voulu, obligeant la standardiste des pompiers à lui faire répéter plusieurs fois ses phrases. Il finit par réussir à donner leur adresse et la femme à l’autre bout du fil lui affirma qu’elle faisait le nécessaire. Il essaya ensuite de descendre sans perdre l’équilibre. Quand il toucha le sol ferme, il pouvait déjà entendre les sirènes hurlantes non loin de la maison. Il courut jusqu’à Sara et Shannon malgré qu’il soit à bout de souffle. Il prit la main de la petite dans la sienne et, sans réellement sans rendre compte, les larmes coulaient le long de ses joues. Puis l’ambulance se gara en catastrophe dans la petite allée et les infirmiers en descendirent avec un brancard et une énorme trousse de soin. Les hommes demandèrent aux parents de s’écarter le temps pour eux de voir la gamine qui commençaient à rouvrir lentement les yeux. Ils l’a déplacèrent pour la transporter dans le véhicule. Intrigués par tout ce tintamarre, les voisins sortirent de chez eux et commencèrent à encercler le jardin. Fous de chagrin, Stephen lui cria qu’il n’y avait rien à voir et essaya de les faire partir mais en vain.
 
« Tous des vautours ! » Pensa-t-il à haute voix.
 
Il revint alors près de Shannon dont les larmes ne cessaient d’affluer, puis l’un des infirmiers demanda si l’un des parents voulait venir avec eux. Stephen dit à Shannon d’y aller et qu’il allait les suivre en voiture. Les deux véhicules traversèrent la ville pour arriver devant la porte des urgences. Des brancardiers alertés par les sirènes se précipitèrent sur l’ambulance et ils sortirent Sara du véhicule avec une rapidité surprenante mais tout en la manipulant avec prudence. Puis ils se dirigèrent à l’intérieur du grand bâtiment. Shannon essaya de les suivre mais non sans mal, avant d’être rejointe par Stephen qui laissa la voiture en plan derrière le véhicule qui avait amené sa fille ici, laissant même le moteur tourner et la portière grande ouverte.
 
Puis, arrivés devant une grande porte, une infirmières vint leur dire qu’ils ne pouvaient pas aller plus loin et qu’il y avait une salle d’attente juste à côté. Les deux jeunes gens allèrent s’asseoir à contre cœur dans la pièce vide et attendirent avec angoisse l’arrivée de quelqu’un qui pourrait leur donner des nouvelles de Sara. Shannon ressentit alors une vive douleur dans le ventre. Stephen s’en apercevant, alla chercher une infirmière qui prévenait tout de suite un médecin par téléphone interne. Celui-ci arriva près de cinq minutes plus tard et alla examiner Shannon qui souffrait toujours.
 
« Elle est sur le point d’accoucher. » Informa le médecin.
 
Il aida Shannon à se lever tandis que l’infirmière apporta une chaise roulante dans laquelle Shannon était invitée à s’asseoir. Aussi vite qu’il le put, le médecin trouva une chambre libre pour la future maman. Stephen n’avait pas lâcher la main de sa femme tout le mong du trajet mais celle-ci lui demanda de retourner aux nouvelles pour Sara.
 
« Votre fille est dans cet hôpital ? S’enquiert le médecin.
- Oui, répondit Stephen, elle est tombée du toit de notre maison.
- Je vais faire mon possible pour que vous ayez des nouvelles rapidement, rassura l’homme tout en posant une main compatissante sur l’épaule de Stephen.
- merci. » Finit Shannon.
 
Puis le médecin sortit de la chambre d’un pas décidé et le couple pouvait entendre les instructions qu’il donna à l’infirmière de garde concernant Shannon. Ils attendirent durant une bonne heure sans que personne ne leur donne des nouvelles sur l’état de Sara, malgré les allers et venues de Stephen entre la maternité et les soins intensifs. Puis une infirmière entra alors dans la chambre et les informa que leur fille était plongée dans un coma dont il ne comprenait pas les raisons car son cerveau ni rien d’autre organique n’en était la cause. Shannon s’effondra tandis que Stephen demanda à la jeune fille ce qu’il prévoyait de faire pour sortir Sara de cette situation mais l’infirmière leur dit qu’un médecin n ‘allait pas tarder à venir leur donner des précisions sur la marche à suivre vis-à-vis de l’état critique où se trouvait la fillette.
 
C’est seulement une demie heure plus tard qu’un homme d’une forte stature entra à son tour et parla au couple plus qu’anxieux de ne rien savoir au sujet de leur fille. Il fit le point avec eux : une petite commotion pouvait être à l’origine de son état mais ce qui le chiffonnait le plus c’est qu’il n’y avait aucune raison pour que l’enfant soit plongée ainsi dans un coma si profond. Affolée, Shannon demanda d’appeler alors Erika pour qu’elle vienne car, en cet instant, elle commençait sérieusement à croire que David était bien derrière tout ceci. Entre deux contractions, Shannon semblait plus inquiète pour Sara que pour son future bébé mais cela lui était égal : il fallait qu’elle tente quelque chose malgré tout.
 
**********
 
Erika décrocha son téléphone et écouta attentivement ce que lui disait son beau-frère. Alors, sans même donné une explication à Jeffrey, elle prit son sac, ses clefs de voiture et claqua la porte derrière elle. Elle brûla tous les feux et arriva à peine dix minutes plus tard. Tout de suite, elle demanda le numéro de la chambre à l’hôtesse d’accueil mais elle aperçu Stephen qui vint à sa rencontre. Tous deux allèrent alors aux côtés de Shannon. Cependant Erika demanda des nouvelles de Sara à Stephen et elle craint le pire quand il lui dit que son état était critique mais sans aucunes raisons apparentes.
 
Shannon lui demanda alors les détails de ce qu’il s’était passé quand elle et Juanita l’avait emmenée chez la grand-mère de cette dernière et Erika lui raconta tous les événements. Alors horrifiée, Shannon lui demanda s’il pouvait y avoir une solution, puis, tout à coup elle se souvint du moment où Sara, si toutefois ce n’était pas David, qui posa la main sur son ventre. La solution était peut-être là : David allait réussir à revenir au travers de l’enfant à naître.
 
Plus le temps passait et plus les contractions se rapprochaient, se voulant de plus en plus fortes et douloureuses. Puis, au moment venu, Shannon demanda à Stephen de retourner près de Sara tandis qu’Erika viendrait avec elle en salle de travail.
 
**********
 
Le médecin demanda à Shannon de respirer aussi calmement que possible puis de bloquer sa respiration afin de pousser. Médecin et patiente renouvelèrent l’opération plusieurs fois jusqu’à ce qu’il aperçoive un petit crâne chauve. Alors il lui demanda de ne pas relâcher ses efforts, que tout était bientôt fini et au bout de quelques longues minutes plus tard et plusieurs cris de la maman, le petit bout de chou vint au monde. Le médecin s’écria alors : « C’est une fille ! ».
 
Shannon comme Erika ne voulait pas le croire. Il fallait que ce soit un garçon, ne serait-ce que pour sauver Sara. Puis les infirmières présentes ainsi que la sage-femme commencèrent à avoir un comportement inquiétant : la petite fille ne respirait pas. Dans l’angoisse de sauver Sara, aucune des deux jumelles n’avaient prêté attention au nouveau-né. Après tous leurs efforts, le médecin revint vers les deux sœurs et leur apprit que, malheureusement, le bébé était mort-né. Shannon fonda en pleurs alors qu’Erika lui serra fort la main pour la réconforter au mieux, mais quand celle-ci lui caressa tendrement le dos de la main du bout des doigts, Shannon exerça une forte pression. Tous ses muscles se tendirent à nouveau et de nouvelles contractions vinrent troubler les entrailles de Shannon. Le médecin alors revint près d’elle et il recommença à encourager la jeune femme épuisée. Cette fois-ci, le bébé vint sans plus de difficultés et les jumelles purent entendre la charmante voix de ce garnement car il s’agissait bel et bien d’un garçon. Au même moment où le petit vint au monde, Erika reçut un coup de téléphone sur son portable de Stephen : Sara venait de se réveiller et elle fut sortie d’affaire ! Quand Erika annonça la merveilleuse nouvelle à Shannon, celle-ci ne put retenir ses larmes tant elle était heureuse de savoir sa fille en vie et elle se dit en son for intérieur que tout était enfin terminé !
 
**********
 
Plusieurs mois avaient passé depuis la naissance du petit Bastien et ce fut le soir d’Halloween. Comme le voulait la tradition dans la famille, les jumelles organisèrent une fête, surtout que Sara était redevenue la petite fille enjouée et en pleine santé qu’elle avait toujours été avant le tragique décès de son cousin, il y a deux ans de cela. La fillette adorait son petit frère et passait beaucoup de temps avec lui. Elle alla au dessus du berceau, regarda le bébé âgé de quatre mois à peine :
 
« Ne t’inquiète pas, je vais prendre soin de toi pour toujours, David ! »
 
 
 
Fin

 
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